La maladie de l’esprit fendu

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Schizophrénie. Un mot qui fait peur comme le cancer. Le malade perd le sens de la réalité et la raison, est convaincu d’une chose, puis de son contraire en deux minutes. Il analyse et ré-analyse tout. Certains entendent des voix, bien souvent méprisantes, qui leur donnent des ordres et les insultent. D’autres deviennent paranoïaques et voient des complots partout. Le schizophrène ne sait plus où se trouve la frontière entre le réel et l’imaginaire ; il perd aussi la limite entre lui-même et le monde extérieur.

D’origine grecque, le mot schizophrénie signifie « esprit fendu », car on l’a parfois associé au dédoublement de personnalité. Cette étymologie est probablement à l’origine de cette confusion qui perdure encore aujourd’hui.

Cette maladie psychiatrique est un dérèglement du cerveau. Il est composé de milliers de cellules nerveuses, les neurones, qui communiquent entre elles en libérant des messagers chimiques, les neurotransmetteurs. Une perturbation dans la concentration de deux neurotransmetteurs, la dopamine et le glutamate, serait responsable des symptômes à la base de la schizophrénie. Mais bien d’autres pistes sont encore à explorer.

Devenir schizophrène est une expérience inquiétante. En plus de vivre avec toute sorte de symptômes désagréables, le malade préfèrera souvent les passer sous silence, de peur d’être jugé et pris pour fou par son entourage. La maladie, qui touche 0,7 % de la population mondiale (75 000 Québécois), peut apparaître progressivement ou se déclencher brutalement, généralement entre 15 et 25 ans. Les symptômes peuvent varier d’un malade à l’autre : paranoïa, délires, hallucinations, retrait familial et social, désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et du comportement, baisse de l’attention et de la concentration.

Comment la schizophrénie apparait-elle ? Pendant plusieurs années, on a injustement mis la faute sur le comportement des parents. On croit maintenant que la génétique et l’environnement seraient les deux principales causes. Mais la seule présence des gènes défectueux n’engendre pas obligatoirement son développement ; il faut un évènement déclencheur. Il peut survenir durant la vie fœtale ou à la naissance (maladie infectieuse, stress excessif ou malnutrition pendant la grossesse). Des drogues, comme le cannabis, pourraient aussi déclencher la schizophrénie chez les gens prédisposés.

Isolement et séjours répétés en hôpital psychiatrique : c’est l’idée que l’on peut avoir de la vie d’un schizophrène. En réalité, le tableau n’est pas si noir. Près du tiers des malades reprennent une vie sociale et professionnelle après avoir suivi un traitement adapté. Ce traitement reste toutefois difficile et doit être personnalisé. Certains médicaments (les antipsychotiques) permettent d’atténuer les symptômes, mais provoquent de nombreux effets indésirables. Une méthode récente, la stimulation magnétique transcrânienne, qui consiste à appliquer un champ magnétique sur des zones cérébrales précises, permet de diminuer les hallucinations pendant plusieurs mois. Accepter la maladie et avoir une situation sociale et familiale stable aident également à la surmonter.

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