Biologiste marin

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Baleines, planctons, mollusques, quels que soient leurs objets d’étude, les biologistes marins ont tous un point en commun : leur passion pour la mer !

Ces spécialistes consacrent leur carrière à étudier la répartition des espèces marines, déterminer l’impact des activités humaines sur la mer, optimiser la production aquacole… Leur travail de chercheur n’est qu’une facette de leurs multiples activités car les biologistes marins sont aussi souvent conseillers, enseignants et gestionnaires.

L’essentiel de leur travail s’effectue en laboratoire, où ils analysent les données recueillies sur la mer ou sur les côtes et les synthétisent sous forme de rapports. Pour cela, les biologistes font appel à plusieurs disciplines : de la biologie moléculaire à l’écologie en passant par les mathématiques et la bio-informatique.

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Edwin Bourget, biologiste marin

Edwin Bourget a consacré sa carrière à l’étude des organismes littoraux (qui vivent sur le littoral). Le scientifique a pris sa retraite en 2010 après avoir porté plusieurs casquettes : biologiste marin, professeur, Directeur du Département de biologie de l’Université Laval, vice-doyen de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval, vice-recteur à l’Université de Sherbrooke… En 2012, il a reçu un Prix du Québec, la plus haute distinction scientifique au Québec, pour souligner son apport très prolifique à notre connaissance du milieu marin.

Pourquoi cette passion pour la biologie marine ?
Adolescent j’ai habité aux Îles-de-la-Madeleine puis à Gaspé. J’ai passé énormément de temps au bord de la mer à explorer cet environnement que je trouvais extraordinaire. Je connaissais certains chercheurs du laboratoire marin des Îles-de-la-Madeleine. Je trouvais leur vie passionnante et ce métier semblait offrir des possibilités intéressantes.

Tu es maintenant à la retraite. Quels sont tes meilleurs souvenirs de ton métier ?
Être sur le terrain, c’était extraordinaire ! J’appréciais beaucoup côtoyer les étudiants, ces jeunes bouillonnants d’idées. J’aimais aussi relever des défis !

Quelles sont les qualités requises pour devenir un bon biologiste marin ?
Avoir un bon esprit d’observation et aimer la nature. Il ne faut pas craindre la météo ! J’ai étudié l’effet des glaces sur les organismes, il faisait très froid et le temps était mauvais !

Tu accordes beaucoup d’importance à la multidisciplinarité. Pourquoi ?
La formation que j’ai reçue en Grande-Bretagne est différente d’ici. Là-bas, si tu rencontres un problème, un professeur va te montrer comment trouver la solution, quelle que soit la discipline : chimie, écologie, microscopie électronique… À mon retour, j’ai continué à avoir cette philosophie. La multidisciplinarité requiert que l’on accepte nos lacunes dans certains domaines, mais que l’on soit suffisamment informé pour exposer notre problème dans les termes adéquats au spécialiste qui va nous aider à le résoudre.

Peux-tu nommer un projet qui a nécessité l’apport de plusieurs disciplines ?
Il y en a plusieurs ! Mon doctorat, par exemple, portait sur les balanes, de petits crustacés qui passent leur vie fixés sur les roches. J’ai dû recourir à la chimie pour étudier le calcaire de leur coquille, à des techniques géologiques pour examiner la structure cristalline de leur enveloppe, à l’histologie et la physiologie pour comprendre la formation ou la production des produits calcaires de leur coquille…

Fais-tu de la plongée sous-marine ?
J’en ai fait beaucoup en début de carrière. Je plongeais en eau froide autour de 4 °C et malheureusement à l’époque les costumes secs n’existaient pas !!

Le projet dont tu es le plus fier ?
Un projet d’une grande originalité qui a impliqué énormément d’étudiants. En étudiant l’impact de l’hétérogénéité côtière (baies, pointes rocheuses…) sur la répartition des balanes, nous avons découvert qu’une sous-espèce était en train d’apparaître dans le sud du golfe Saint-Laurent ! Ce phénomène (la spéciation) qui prend plusieurs centaines de milliers d’années débutait sous nos yeux ! L’évolution en pleine action. C’était une découverte extraordinaire !

Une anecdote amusante dans ta carrière ?
Un dimanche soir, j’ai reçu un appel d’une de mes étudiantes qui m’explique qu’elle a noyé le nouveau camion. Littéralement ! Elle avait reculé la camionnette sur l’avancée en bois pour mettre le bateau à l’eau ; seulement l’avancée était pleine d’algues et la camionnette a glissé dans l’eau sans qu’elle ne puisse rien faire ! On en a bien ri par la suite !

Quelles applications peuvent découler directement de tes recherches ?
Les résultats obtenus pour les balanes, comme leur reproduction, le mouvement des larves… peuvent être appliqués, après avoir fait des ajustements, à d’autres espèces moins abondantes, mais plus importantes sur le plan économique comme le homard, dont l’étude est plus compliquée et nécessite de gros moyens.

Es-tu préoccupé par l’avenir de notre planète ?
Oui, beaucoup ! Les changements climatiques vont avoir des effets extrêmement importants qui vont continuer à se faire sentir pour des décennies à venir. Les politiciens véhiculent l’idée qu’il y a toujours une solution technique à tout, mais le problème est tellement majeur et fondamental que cela me semble impossible !

Une journée dans la vie d’Edwin

Edwin a travaillé sur les organismes littoraux comme les algues, les moules ou les balanes. En gros, l’été se passait « sur le terrain » à recueillir des données dans un milieu côtier quelque part dans le Golfe du Saint-Laurent ; et la saison froide se passait à l’université où se faisait l’analyse des données recueillies pendant l’été.

Sur le terrain, les journées du scientifique et de ses étudiants dépendent des marées. Si celle-ci est basse à 6 heures du matin, tout le monde est prêt à travailler dès 4 heures. Pendant environ cinq heures, le biologiste supervise son équipe : prises de photos, prélèvements d’organismes, réalisation de mesures…

Comme le terrain se déroule dans la municipalité gaspésienne de Cap-Chat, la route est trop longue pour faire l’aller-retour à Québec à chaque jour, alors on loue un chalet. Mais l’après-midi, pas question de se reposer dans le chalet, ils doivent étiqueter les échantillons, les ranger et conserver les animaux dans un fixatif ou au congélateur pour réaliser des mesures (taille de la coquille, tissu, biomasse) une fois de retour au laboratoire.   
 
L’été terminé, de retour à l’université, le travail d’Edwin est différent, mais pas moins conséquent. Arrivé autour de 7 h 30, il consacre beaucoup de temps à préparer et donner ses cours de biologie marine. Au laboratoire, il rencontre ses étudiants, se renseigne sur l’avancement des recherches et épaule les jeunes scientifiques. Le travail sur les prélèvements rapportés du terrain peut durer plusieurs mois. L’an prochain, les étudiants pourront repartir sur le terrain dès le mois d’avril. Il faut alors planifier les expériences à réaliser, louer des chalets, préparer les équipements pour que tout soit prêt pour leur départ. À la tête d’une équipe de 20 personnes, le chercheur s’occupe également des demandes de subventions. Bien qu’il quitte le travail vers 17 h, Edwin reprend le travail vers 21 h chez lui pour réviser et corriger les articles de ses étudiants.

Sur les bancs d’école :
Edwin Bourget a réalisé un baccalauréat en biologie puis une maîtrise en écologie marine à l’Université Laval. Durant sa maîtrise, il a étudié des communautés d’organismes littoraux et a noté que les balanes sont dominantes. Il choisit alors de faire son doctorat en biologie marine sous la tutelle du Docteur Crisp, chercheur et professeur réputé à l’Université de Wales aux pays de Galles (Royaume-Uni).

Au Cégep :
DEC en sciences de la nature (2 ans) ou DEC technique (3 ans)

À l’Université :
– Baccalauréat en biologie, écologie ou discipline connexe (3 ou 4 ans)
– Maîtrise en biologie, écologie ou discipline connexe (2 ans). Pendant ces deux années, l’étudiant est initié à la recherche et rédige un mémoire.
– Doctorat en biologie marine (3 à 4 ans)
– Stage postdoctoral à l’étranger (1 à 2 ans)

Et après ?
Le biologiste marin peut travailler dans différentes structures : centres de recherche, laboratoires, aquariums, universités en tant qu’enseignant-chercheur, entreprises privées ou dans le cadre de programmes de protection de l’environnement.

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