Ethnologue

7,3 milliards. C’est le nombre d’humains qui peuplent la Terre. Les ethnologues ont la mission de rendre compte de la diversité des cultures coexistant sur notre planète. Pour cela, ils réalisent une véritable enquête pendant laquelle ils s’immergent dans le mode de vie du groupe qu’ils choisissent d’étudier. L’ethnologue peut tout aussi bien s’intéresser aux immigrants au Québec, aux autochtones, mais aussi aux groupes sociaux ou ethniques plus lointains, comme des communautés péruviennes ou les aborigènes d’Australie… Ils étudient les modes de vie et de pensée, les rites et les croyances, les interactions entre groupes, les dimensions politiques, sociales et culturelles. Aujourd’hui, le sujet d’étude des ethnologues peut-être une institution comme une école ou un milieu spécifique tel qu’une banlieue…

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Ingrid Hall, ethnologue
Depuis 2010, Ingrid s’intéresse aux pratiques de conservation de la biodiversité de la pomme de terre dans des communautés paysannes du District de Pisac dans la région de Cusco au Pérou. Chaque année, elle passe quelques mois au « Parque de la papa » (le parc de la pomme de terre), l’une des zones de biodiversité cultivée les plus importantes en Amérique du Sud, la plus grande qui soit aux mains des communautés paysannes (plus de 1 000 variétés). En plus de ses travaux de recherche, Ingrid enseigne l’ethnologie à l’Université de Montréal.

Qu’est-ce qui t’a attiré dans l’ethnologie ?
C’est par ma profession d’ingénieur agronome que j’ai découvert ma passion pour l’ethnologie. J’ai voyagé en Inde, au Brésil, à Madagascar, au Pérou pour développer de nouvelles techniques agronomiques. J’ai réalisé qu’il était difficile de proposer des solutions sans considérer la culture, en plus des ressources agricoles locales. Ce point de vue social et historique m’échappait complètement et je n’avais aucun outil pour l’appréhender. En rentrant, j’ai décidé de m’inscrire en ethnologie.

Selon toi, en quoi l’ethnologie est-elle importante ?
C’est la discipline qui est le mieux à même de rendre compte de la perspective des gens localement. Certes, les ethnologues ont des problématiques de recherche définies, mais ils vont à la rencontre des gens pour y répondre.

Qu’étudies-tu sur le terrain ?
Le « Parque de la papa » regroupe cinq communautés paysannes ; il a été mis sur pied grâce à l’aide d’une ONG péruvienne (Andes), et le Centre international de la pomme de terre basé à Lima les aide dans les activités de conservation de la pomme de terre. Tous ces individus sont engagés dans la conservation du tubercule, travaillent ensemble, partagent un même objectif. Pourtant, la biodiversité ne représente pas la même chose à leurs yeux.

Les paysans produisent ce qu’ils vont manger et acquièrent les différentes variétés par leurs réseaux familiaux ; ils cultivent la terre. Pour leur part, les scientifiques visent plutôt à protéger les ressources génétiques en laboratoire. Ces pratiques me permettent de mieux comprendre les rapports des hommes entre eux et ceux qu’ils établissent avec l’environnement.

Est-ce que ça se passe toujours bien avec les gens de la communauté ?
À mon arrivée, j’ai dû présenter mon projet à tous les acteurs, de l’ONG, du Parc de la pomme de terre et du Centre international de la pomme de terre. Ils ont ensuite voté pour décider si je restais ou non. La teneur académique de mon travail semble échapper à mes interlocuteurs qui ont une vague idée de ce qu’est l’anthropologie. Mais dans le processus de recherche j’essaie de leur être utile quand c’est possible. Maintenant, j’y retourne tous les ans et je suis marraine de plusieurs enfants sur le terrain !

Qu’est-ce qui te motive le plus dans ton travail ?
J’adore partir sur le terrain. C’est fascinant d’essayer de déchiffrer des pratiques qui sont si différentes des nôtres et que l’on ne comprend pas au premier abord.

Quel est l’aspect le plus désagréable de ton métier ?
Le cœur de mon travail, c’est le terrain. Avec l’enseignement et la vie académique, je manque de temps pour dépouiller mes données, lire, écrire, analyser. Cette pression du temps et de l’ensemble de mes activités génère parfois des frustrations.

Avec quels autres professionnels collabores-tu ?
Pour mon prochain projet, je communique régulièrement avec des collègues ethnologues (Institut de Recherche et de Développement, Montpellier ; Mc Gill), une géographe de l’Université de Montréal ainsi qu’un ethnobotaniste du Jardin botanique de Montréal. Dans un mois et demi, un doctorant en biologie de l’Université de Montréal m’accompagne au Pérou.

Est-ce intrigant d’étudier d’autres humains ?
Oui vraiment, ça m’apprend à penser autrement, à mieux me connaître. Au Pérou par exemple, il faut être extrêmement calme sinon on vous prend vite pour un fou ! D’origine française, je suis assez mal armée pour cela, on a souvent tendance à dire les choses en face et à être impulsif. D’ailleurs, mon expérience sur le terrain m’a beaucoup aidé à m’intégrer au Québec.

As-tu une anecdote à nous raconter ?
Alors que j’étais sur le terrain depuis trois mois, un des informateurs que j’apprécie beaucoup m’a dit que j’étais un « bébé ». J’étais un peu vexé sur le coup. Finalement, il m’a expliqué que c’était parce que j’apprenais plein de choses en leur compagnie. Un peu comme un enfant avec ses parents.

Un conseil pour les jeunes qui veulent suivre ta voie ?
Le moteur de ce métier est la curiosité. Il faut aller au-delà des apparences et ne pas se satisfaire des réponses faciles et rapides. C’est un trait de caractère que l’on peut développer à chaque voyage même près de chez soi en s’intéressant au quotidien des gens.

Une journée dans la vie d’Ingrid

À Montréal, les journées d’Ingrid ressemblent beaucoup à celle des autres enseignants-chercheurs. Elle prépare ses cours, assiste ses étudiants, lit des publications scientifiques pour se tenir à jour de l’actualité dans son domaine. Elle analyse aussi les données recueillies les mois passés sur le terrain et se lance dans l’écriture d’articles scientifiques.

Le cœur du travail de l’ethnologue, sa spécificité, c’est le terrain. Et cette phase du travail, pour Ingrid, se passe au Pérou. Elle prend l’avion pour Lima, la capitale du Pérou, puis se rend à Cusco. Là, elle rencontre les gens de l’ONG qui veille au bon fonctionnement du Parc. Ensuite, il lui faut encore se rendre au Parc de la pomme de terre, dans des communautés situées au-delà de 3700 mètres de hauteur. Là-bas, Ingrid vit au rythme de la famille qui l’accueille et chaque journée est différente.

L’une des journées qui l’a le plus marqué l’année dernière a commencé après un petit déjeuner en leur compagnie. Elle a chaussé ses bottes de marche et tenté tant bien que mal de suivre le Adrian, le père de famille, jusqu’à la parcelle située 300 mètres plus haut. Elle a aidé à récolter les pommes de terre et le père de famille les a identifiées pour elle. Son passé d’agronome lui est alors bien utile. Pendant les pauses, l’ethnologue sort papier et crayon ou son dictaphone et discute avec le paysan. Elle immortalise aussi ces moments avec son appareil-photo. Au retour dans la communauté, Ingrid en profite pour parler de choses et d’autres avec la femme et les enfants de la maison. Lorsque le calme règne dans le village, elle rejoint sa chambre et continue de compiler les informations récoltées dans la journée. Une bonne nuit de sommeil et l’ethnologue sera prête pour une nouvelle journée bien rythmée !

Avant son retour à Montréal, l’ethnologue repasse par Lima, la capitale du Pérou, pour rencontrer les personnes du Centre international de la pomme de terre.

Sur les bancs d’école…
Ingrid a d’abord obtenu l’équivalent d’une maitrise en agronomie en France (école préparatoire aux grandes écoles et école d’ingénieur en agronomie). Elle s’est ensuite réorientée et a repris une maitrise et un doctorat d’ethnologie à l’Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense en France. Quelques années plus tard, elle a accepté le poste d’enseignant-chercheur qu’elle occupe actuellement à l’Université de Montréal.

Au Cégep :

– DEC ou l’équivalent

À l’Université :
Pour être chercheur en ethnologie comme Ingrid Hall, il faut réaliser un baccalauréat, une maîtrise et un doctorat en ethnologie ou dans une autre discipline connexe.

Voici quelques programmes offerts au Québec :

Baccalauréat :

– Anhropologie et ethnologie offert à l’Université Concordia, l’Université de Montréal, l’Université du Québec à Chicoutimi, l’Université Laval et l’Université McGill.

– Sociologie offert dans de nombreuses universités au Québec.

-Archéologie et Études anciennes à offert à l’Université Bishop’s, l’Université Concordia, l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université McGill.

Maitrise :

– Ethnologie et patrimoine offert à l’Université Laval.

– Anthropologie offert à l’université de Montréal.

Et après ?
L’ethnologue travaille dans les établissements d’enseignement universitaire, pour les gouvernements fédéral et provincial, dans des musées ou au service des entreprises.

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