Ichtyologiste

Ichtyo…quoi ?

Plus facile à décrire qu’à épeler, le terme «ichtyo», dérivé du grec ancien «ikhthús», signifie «poisson». L’ichtyologiste est un biologiste pour qui les poissons n’ont pas de secrets. Sur papier comme sur le terrain, il étudie le mode de vie, le comportement, l’abondance, la richesse et le rôle des espèces de poissons dans les écosystèmes.

On fait appel aux ichtyologistes pour aménager des habitats, conserver et protéger la biodiversité, développer et exploiter les stocks de pêche, diriger des activités d’élevage en pisciculture, ou même gérer des aquariums publics.

Des profondeurs océaniques au contenu de ton assiette, l’ichtyologiste est comme un poisson dans l’eau !
 

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  • Études et emplois

Claudia Deshaies, biologiste

Depuis 2013, Claudia travaille en tant que biologiste à la pisciculture Jacques-Cartier, située à La Patrie, en Estrie. Une pisciculture est une ferme aquatique où on élève des poissons. Ceux-ci peuvent être destinés à la réintroduction en milieu naturel, à la consommation ou, dans le cas de Claudia, à la pêche sportive.

Gérer des dizaines de milliers de poissons n’est pas une tâche facile ! S’il y a un pépin, Claudia doit pouvoir désamorcer rapidement la situation pour éviter qu’elle finisse en queue de poisson. Un travail à la fois physique et intellectuel !

En quoi consiste ton travail ?
Ma tâche principale, c’est d’assurer le bien-être des poissons. Nous élevons ce que j’appelle des trophées biologiques ! Ce sont des ombles de fontaine et des truites arc-en-ciel destinés à des pourvoiries et des zones d’exploitation contrôlées (ZEC).

Contrairement aux poissons qui s’achètent sous forme de filets prédécoupés à l’épicerie, les nôtres doivent esthétiquement plaire aux pêcheurs. Il ne suffit pas de produire une grande quantité de viande, nous voulons livrer des poissons qui sont non seulement bons à manger, mais aussi beaux, en santé et vigoureux ! De plus, ils doivent avoir assez faim pour mordre à la ligne.

Comment y parviens-tu ?
La chose la plus cruciale, c’est de maintenir la qualité de l’eau. Si je nourris trop les poissons, le milieu devient propice aux maladies, surtout par temps chaud. Aussi, les déchets toxiques excrétés par les poissons s’accumulent, c’est pourquoi je surveille l’état de l’eau en prenant des mesures.

Le comportement des poissons est tout aussi important à surveiller. La façon de nager, l’agressivité, la réponse à la présence humaine… toutes ces choses peuvent être des indicateurs d’un problème. Par exemple, si un poisson se frotte aux surfaces, c’est surement qu’il y a des parasites présents.

Quel genre de défis dois-tu relever ?
Gérer l’imprévisible… tout peut arriver ! Je dois réfléchir rapidement pour régler les problèmes. Une fois, à mes tout débuts, j’ai trouvé un bassin où les poissons flottaient étrangement. J’ai vite compris que le taux d’oxygène était trop bas à cause d’une mauvaise circulation d’eau. J’ai débloqué le système, et les poissons ont recommencé à nager normalement.

Aussi, tout ce que je fais me demande un effort physique… ça garde en forme ! Je travaille dehors beau temps, mauvais temps, hiver comme été. J’ai appris à m’apporter des vêtements de rechange… C’est le climat qui a le dernier mot !

Accomplis-tu des tâches qui sortent de l’ordinaire ?
J’accompagne les poissons dans leur reproduction. Ça implique de séparer les mâles des femelles, endormir les individus, extraire les œufs et le sperme, puis mélanger doucement le tout. C’est très délicat ! Ensuite, je suis le développement des jeunes. L’oxygène, la température, la lumière… tout doit être contrôlé précisément. Plus les poissons sont jeunes, plus la qualité de l’eau est importante.

Qu’est-ce qui t’a d’abord intéressée à ce domaine ?
J’ai toujours eu peur des poissons, tout en étant à la fois intriguée. J’éprouvais une certaine curiosité pour cette forme de vie méconnue. C’est tout un univers à découvrir !
Un jour j’ai visité une pisciculture, et j’ai été fascinée par les moyens employés pour duper les poissons. Je trouvais particulièrement ingénieux d’utiliser leurs caractéristiques biologiques à notre avantage! Quand j’ai constaté qu’on pouvait être plus malin qu’eux, c’est peut-être ce qui m’a donné envie d’apprivoiser ma peur. Depuis, je me suis habituée, et je les trouve même beaux et doux !

Quelles sont les qualités qui te servent le plus dans ton travail ?
La minutie, la curiosité, le sens de l’observation, le souci du travail bien fait, des connaissances poussées en biologie, la polyvalence…

Y a-t-il des dangers associés à ton travail ?
La majorité du temps, je travaille seule. Je dois être extrêmement prudente pour ne pas me blesser. Je porte mes lunettes de sécurité quand je manipule des produits dangereux, et j’ai un chien qui me suit en tout temps ! 

Une journée dans la vie de Claudia

Avant même de se mettre en route pour la pisciculture, la première étape dans la journée de Claudia consiste à consulter la météo. Les grandes chaleurs sont ses pires ennemies !

Une fois arrivée sur place, c’est l’inspection qui commence. Claudia vérifie le niveau de l’eau des bassins, car une fuite aurait des conséquences dramatiques pour les milliers de poissons qui y vivent. D’autres paramètres sont également à surveiller, comme la température ou la quantité d’eau qui arrive sur le site. Elle s’assure également du bon fonctionnement des pompes.

Claudia se lance ensuite dans le décompte et le retrait des poissons morts. Tenu dans un registre, ce genre de donnée permet de mieux comprendre comment certains facteurs affectent la survie des poissons. Il est par la suite plus facile de déceler rapidement un danger qui guette la pisciculture.

Finalement, avant de nourrir les poissons, Claudia observe attentivement leur comportement. S’ils se portent bien et qu’aucune intervention n’est nécessaire, le reste de sa journée est consacré à ce qu’elle appelle les «petites besognes» : entretenir, créer, inventer… elle doit être habile et créative !

Sur les bancs d’école…
Le parcours de Claudia est pour le moins inspirant : suite à un retour aux études où elle obtient son diplôme d’études secondaire (DES), elle se découvre un intérêt nouveau pour les sciences. Quelques années plus tard, Claudia complète son baccalauréat en biologie à l’Université de Sherbrooke et trouve presque aussitôt un emploi à la pisciculture Jacques-Cartier. Elle y vit sa passion depuis maintenant 5 ans !

Au cégep :
Les cégeps de Lévis-Lauzon, Saint-Hyacinthe et Sherbrooke, ainsi que les collèges Ahuntsic et Shawinigan offrent une technique de laboratoire avec spécialisation en biotechnologies qui peut être couplée au baccalauréat en biologie ou en génie biotechnologique des universités de Montréal, Sherbrooke et Laval pour un DEC-BAC d’une durée de 5 ans.

À l’université :
Le baccalauréat en Biologie (ou autre appellation équivalente) est donné dans les établissements suivants : Université de Sherbrooke, Université de Montréal, Université Laval, Université McGill, Université Bishop’s, Université Concordia, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Université du Québec à Montréal (UQAM), Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Il n’y a pas de formation proprement dite en ichtyologie, mais il est possible de se spécialiser un peu en sélectionnant ses cours tout au long de la formation en biologie.

Et après…
Avec une telle formation en poche, plusieurs établissements peuvent nécessiter ton expertise. Après tout, la pêche est une industrie grandement valorisée au Québec. L’ichtyologiste peut agir à titre d’enseignant-chercheur dans les centres de recherche et les universités, ou encore comme conseiller dans les institutions gouvernementales, les firmes de génie-conseil, les piscicultures et les aquariums publics.

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