Inspecteur des mesures antipollution

Difficile de ne pas se souvenir du drame qui a touché Lac-Mégantic en 2013 : l’explosion de wagons-citernes remplis de pétrole a déclenché un gigantesque incendie. Les inspecteurs des mesures antipollution sont intervenus sur ce site contaminé pour concevoir des stratégies d’interventions appropriées afin de réduire la pollution. Heureusement, ils n’attendent pas une catastrophe pour agir. En contrôlant les industries, mais aussi les milieux naturels et résidentiels, ces spécialistes maintiennent un environnement de la meilleure qualité possible. Après avoir effectué des analyses sur les éventuelles sources de pollution, ils décident si les responsables doivent prendre des mesures pour respecter les normes gouvernementales.

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Mohamed Rassoul, inspecteur des mesures antipollution
Mohamed est inspecteur des mesures antipollution depuis 12 ans. Il travaille depuis 2009 au Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec (CEAEQ) à Laval, un service rattaché au Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Son travail consiste à mesurer les émissions atmosphériques en provenance des cheminées industrielles du Québec.

Qu’est-ce qui t’a amené à faire ce métier ?
J’ai toujours été préoccupé par les problèmes environnementaux. J’ai étudié en chimie puis je me suis intéressé aux polluants atmosphériques. Ce métier m’attirait, car je pouvais mettre en œuvre à la fois mes capacités intellectuelles et physiques.

Ce que tu aimes le plus ?
Le travail avec des équipes multidisciplinaires et la résolution de problèmes complexes. Si une grande usine comporte plusieurs cheminées non conformes, il faut trouver des solutions. Ce métier permet aussi de voyager à travers le Québec. Je suis allé au Grand Nord, en Abitibi. Pour quelqu’un qui aime le contact humain et les découvertes, c’est l’idéal.

Ce que tu apprécies le moins ?
Les journées sur le terrain sont longues. Je ne suis pas maître de mes horaires, mais je suis soumis au fonctionnement de l’usine ou du procédé industriel, que ce soit de jour ou de nuit. S’il y a un bris mécanique, je dois attendre la fin des réparations, je peux alors travailler 14 à 15 heures dans une journée !

Comment décrirais-tu ta profession ?
Très spéciale ! Il faut avoir une bonne constitution physique et ne pas avoir le vertige pour grimper sur des cheminées de 50 pieds de haut, transporter les équipements sur de longues distances, manipuler des monte-charges et conduire des nacelles. La partie intellectuelle est très intéressante dans la mesure où l’on fait le lien entre le terrain et les laboratoires d’analyses. Il faut connaître tous les contaminants, les polluants atmosphériques, les effets sur l’environnement…

Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?
Cela exige une bonne formation scientifique. Il faut aussi être débrouillard, bon communicateur et aimer relever les défis. Il faut aussi être bricoleur pour être en mesure d’effectuer des réparations sur le terrain, qu’elles soient électriques ou mécaniques.

As-tu un plus grand respect pour la nature depuis que tu pratiques ce métier ?
En visitant toutes les industries du Québec, j’ai pris conscience de l’ampleur des rejets émis dans l’environnement par les différentes industries : papier, raffineries, usine chimique, aluminerie, mine. Quand on voit de visu, on comprend vraiment les enjeux du réchauffement climatique, des gaz à effet de serre… Ça sensibilise beaucoup plus.

Y a-t-il eu des progrès en matière de pollution au Québec ?
Au niveau des industries, au début c’était l’anarchie. Mon service n’existait pas auparavant au ministère. Les industries ont vite compris l’importance de notre travail, et que ça peut aussi être plus rentable pour la compagnie. Ils comprennent mieux les problématiques et ça leur fait moins peur.

Une anecdote à nous raconter ?
Une fois, nous allions à Sept-Îles avec des collègues pour visiter une usine. Pendant la nuit, je voyais des lumières au loin. Je pensais que c’étaient des villages, mais on m’a expliqué en réalité que c’était des aurores boréales. C’était merveilleux à voir !

Une journée dans la vie de Mohamed

Les journées dans la peau d’un inspecteur des mesures antipollution sont très différentes selon qu’elles se déroulent sur le terrain ou au bureau.

Environ 40 % de son temps, Mohamed le passe à sillonner le Québec pour contrôler des industries : minéralurgie, papeterie, toute industrie qui a une cheminée s’élèvant dans le ciel ! L’inspecteur intervient avec ses collègues à la demande des directions régionales de l’environnement du Ministère.

Aujourd’hui direction l’Outaouais pour surveiller les émissions atmosphériques d’une usine de pâtes et papiers. L’équipe se dote des outils usuels de surveillance : équipements de mesures de pressions et de températures et d’un analyseur de gaz qui effectue des mesures en direct. Une fois sur place, le spécialiste installe les équipements pour les prélèvements de gaz, récolte des échantillons qu’il enverra au laboratoire d’analyse. Une fois les résultats obtenus, il réalise les calculs pour vérifier si les normes sont respectées. Attention, pas question de travailler sans son équipement de sécurité : casque, bottes, lunettes, masques respiratoires. Dans les endroits plus dangereux, comme les raffineries, il porte aussi combinaison ignifuge et détecteur de gaz.

L’équipe peut également se rendre sur le terrain en compagnie du LARA, le Laboratoire d’analyse des rejets atmosphériques. Dans ce camion, l’inspecteur des mesures antipollution trouve le nécessaire pour effectuer des contrôles selon la législation québécoise. Une fois de retour au bureau, Mohamed rédige des avis et conseils pour les entreprises et pour le ministère. Il évalue les devis et les rapports d’analyses. Il rentrera le soir chez lui avec la satisfaction d’avoir amélioré la qualité de l’air que l’on respire !

Sur les bancs d’école…
Mohamed est chimiste de formation. Il a réalisé un baccalauréat et une maitrise en chimie analytique. Après avoir travaillé dans un laboratoire de chimie plusieurs années à l’étranger, il a appris le métier d’inspecteur des mesures antipollution sur le terrain à son arrivée au Québec.

Au Cégep :
– DEC en assainissement de l’eau proposé au Cégep de Saint-Laurent à Montréal
– DEC en environnement, hygiène et sécurité au travail proposé au Cégep de Jonquière au Saguenay, au Cégep de Saint-Laurent à Montréal et au Cégep de Sorel-Tracy en Montérégie
– DEC en techniques du milieu naturel au Cégep de Saint-Félicien à Saguenay et au Centre d’études collégiales à Chibougamau

Pour exercer ce métier, il faut suivre une formation en environnement et avoir des connaissances scientifiques en physique, chimie et mathématiques.

Et après ?
L’inspecteur des mesures antipollution peut travailler au ministère comme Mohamed. Il peut aussi intégrer des firmes spécialisées en environnement, agir en tant que conseiller dans de grandes entreprises comme des alumineries ou des papeteries ou il peut travailler dans des firmes spécialisées en échantillonnage.

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