[7] Aux limites de la conscience

Dans la ville de Cluj-Napoca, en Roumanie, quand un patient tombe dans le coma, on appelle à son chevet le neurologue Bogdan Florea, du Centre médical Reine-Marie. Le spécialiste examine alors les tracés d’électroencéphalogramme, ces zigzags qui enregistrent l’activité électrique du cerveau.

Le docteur Florea a déjà évalué ainsi l’état de centaines de comateux. Mais en novembre 2011, tout son savoir n’a pas suffi pour comprendre le cas qui se présentait à lui. Il s’agissait d’un patient qui avait sombré dans un coma profond après avoir pris un antiépileptique pour contrôler des convulsions. «Le tracé révélait une activité cérébrale qui ne correspondait à rien de connu et n’était répertoriée dans aucun manuel de référence: de puissants sursauts électriques erratiques. J’étais convaincu, se souvient le neurologue, que ces saccades étaient provoquées par les interférences d’un réfrigérateur, d’un ascenseur ou d’un appareil à proximité!»

Il se tourne alors vers l’un des spécialistes mondiaux de la question, Florin Amzica, directeur du Laboratoire de neurophysiologie du sommeil et des états de conscience altérés à l’Université de Montréal, pour lequel il ne cache pas son admiration. Ce dernier n’a pas sourcillé. «Le professeur m’a demandé de refaire mes devoirs et de réexaminer le patient», raconte le neurologue. Florin Amzica avait déjà sa petite idée sur ce que le médecin allait trouver: un coma plus profond que le coma de la ligne plate.

Illustration: Katy Lemay

Le trait plat, dit «isoélectrique», n’est pas nécessairement le signe d’une mort cérébrale. Il est, en effet, souvent interprété comme tel, si le coma est causé par un traumatisme. Mais si le coma a été induit par des médicaments, administrés par exemple pour soulager des douleurs extrêmes, et que le cerveau est encore en santé, il est généralement réversible. Jusqu’ici, dans l’un ou l’autre cas, les médecins croyaient que ce coma à ligne isoélectrique était le plus profond. Et qu’au-delà, il n’y avait pas d’autre état possible.

Lire la suite dans Québec Science (Janvier-février 2014)

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