Abattre des colosses

Le fusil à la main, un chasseur pose fièrement devant l’objectif, à côté de la carcasse de l’éléphant qu’il vient d’abattre. Il rapportera sûrement chez lui ses défenses en ivoire comme souvenir. Dans une vingtaine de pays, notamment en Afrique du Sud, cette chasse récréative est légale. Mais de nombreux territoires, incluant le Canada, interdisent l’importation des trophées d’éléphants. Récemment, le Président Trump a pris la décision d’autoriser leur entrée aux États-Unis, puis de l’interdire à nouveau, relançant le débat sur la chasse aux trophées.

La population d’éléphants d’Afrique, classée vulnérable par l’Union internationale pour la conversation de la nature (IUCN), a chuté de 20 % entre 2006 et 2015. Face à ces chiffres alarmants, les chasseurs proposent la « chasse aux trophées » comme solution. D’après eux, l’argent des permis de chasse — certains amateurs payent plus de 30 000 dollars US pour tuer un éléphant — servirait à lutter contre le braconnage en intensifiant la surveillance des zones protégées. Ces revenus profiteraient aussi à l’économie locale et à la sauvegarde d’espèces menacées en finançant des programmes de protection. En somme, tuer quelques individus pour mieux protéger les autres.

Mais les défenseurs de l’environnement ne l’entendent pas de cette oreille. Les bénéfices générés par la chasse sont négligeables comparés à ceux du tourisme et des safaris photographiques, d’où l’intérêt de préserver les animaux. De plus, certains gestionnaires de réserve sont corrompus, et l’argent remplirait plutôt les poches des braconniers. Ainsi, bien que légale, la chasse aux trophées inciterait au braconnage, qui cause chaque année des accidents mortels avec les gardes-chasses. Dans certaines réserves, elle est tout de même réglementée. Un quota de chasse est fixé et seuls les mâles âgés peuvent être abattus. Les locaux, qui y travaillent, gagneraient alors une somme suffisante pour pouvoir en vivre. Malheureusement, ce n’est pas le cas partout.

Quoi qu’il en soit, l’interdiction de l’importation des trophées pourrait limiter cette pratique. À quoi bon chasser si l’on ne peut pas exhiber son trophée chez soi ?

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