Infirmier praticien spécialisé

Une prescription pour des analyses de sang, une radiographie ou un renouvellement de tes médicaments… Des fonctions réservées aux médecins ? Faux ! Une nouvelle profession a vu le jour en 2008 au Québec : l’infirmier praticien spécialisé.

Au nombre de 183 au Québec en 2013, ces « super-infirmiers » dispensent des soins infirmiers et médicaux aux patients et sont peut-être une solution pour améliorer l’accès aux soins de santé. Spécialisé en néonatalogie, en néphrologie, en cardiologie ou encore en soins de premières lignes, ce métier est vite devenu indispensable.

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Martin Decoste, infirmier praticien spécialisé en soins de première ligne

Devenu infirmier praticien spécialisé en 2009, Martin est l’un des premiers au Québec. Depuis deux ans, il travaille à Beauceville (Chaudière-Appalaches) où il partage son temps de travail entre la clinique médicale de la Coopérative de santé Robert-Cliche et le Centre de santé et de services sociaux de Beauce.

Pourquoi avoir choisi de devenir IPS ?
J’ai été infirmier pendant 13 ans puis j’ai enseigné les soins infirmiers au cégep pendant 6 ans. Je voulais revenir sur le terrain, mais avec une pratique plus avancée. J’ai entendu parler de cette nouvelle spécialité, ça correspondait parfaitement à mes attentes.

Qu’est ce qu’un IPS peut faire de plus qu’un infirmier et de moins qu’un médecin ? 
Je peux faire des évaluations plus poussées, des examens, des diagnostics, prescrire des médicaments, etc. En revanche, je ne peux pas faire le diagnostic de maladies chroniques et interpréter des examens comme des imageries médicales complexes.

Quelles sont les qualités d’un bon IPS ?
Il faut avoir une curiosité scientifique et un bon jugement clinique. Il faut de l’empathie et être bon pédagogue.

À qui déconseillerais-tu ce métier ?
Aux gens qui aiment la routine et ont des difficultés à s’adapter à de nouvelles situations. Notre métier est très diversifié, plein d’imprévus et exige d’être très polyvalent.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?
J’aime venir en aide aux gens. Lorsque je suis un patient et que son état s’améliore, c’est toujours gratifiant. C’est aussi un défi intellectuel étant donné la polyvalence dont on doit faire preuve.

Qu’est-ce que tu aimes le moins ?
Quand un patient est irrespectueux envers moi. Si par exemple je suis en train de lui expliquer comment améliorer sa situation et qu’il décroche son cellulaire, c’est un manque de respect.

Une expérience traumatisante ?
Oui. Un cancer avait été diagnostiqué chez un patient. Je l’ai suivi jusqu’à ce qu’il décède… Il y a aussi les situations d’urgence qui me marquent énormément.

La relation est-elle parfois difficile avec les médecins ?
Oui, ça m’est déjà arrivé. J’ai souvent besoin de discuter avec un médecin spécialiste lorsque la situation dépasse mes compétences. Il est arrivé que celui-ci demande de parler plutôt à un autre médecin, comme si je n’étais pas assez qualifié. Mais c’est de plus en plus rare. Notre métier commence à être mieux connu et mieux accepté.

Comment sont perçus les hommes qui exercent ce métier ?
Ça fait longtemps que j’exerce dans ce milieu. Je n’ai jamais eu de problèmes. Il y a davantage d’hommes chez les IPS que chez les infirmiers réguliers. Je dirais 10 % à 15 % contre 8 %.

As-tu déjà été confronté à des patients désagréables ?
C’est sûr, il y a des gens avec des personnalités exigeantes, qui pensent que leur problème est la faute du personnel de santé. Il faut prendre du recul et faire la part des choses. Je suis quelqu’un qui ne cherche pas le trouble alors les confrontations doivent m’arriver moins souvent.

Quels patients préfères-tu ?
J’ai un intérêt pour la pédiatrie. J’aime faire le suivi des enfants, donner des explications aux parents…

Est-ce que votre métier vous a déjà servi dans la vie quotidienne ?
Je suis intervenu dans une salle de spectacle : une personne avait des douleurs à la poitrine. J’ai agi comme toute personne l’aurait fait, avec un peu plus de connaissance c’est sûr, puis j’ai appelé les urgences.

Aujourd’hui, Martin travaille à la clinique. À 8 heures, il s’installe à son bureau et se prépare à accueillir ses premiers patients venus consulter sans rendez-vous. Le premier malade est un enfant qui semble souffrir d’une otite. Après l’avoir ausculté sur la table d’examen et lui avoir prescrit les médicaments nécessaires, il poursuit avec un ouvrier qui s’est blessé au travail. L’IPS reçoit ainsi une quinzaine de cas divers et variés : douleur lombaire, difficulté à digérer, coupure au doigt…

Après une pause pour manger, Martin consacre une heure à faire un suivi de ses patients et étudier les résultats d’analyses des laboratoires. Il discute avec son médecin partenaire d’un cas médical qui dépasse ses compétences. Un patient, très fatigué, a perdu énormément de poids en quelques mois. Martin a fait tous les examens nécessaires et soupçonne un cancer. Il transfère donc le dossier au médecin.

Son après-midi est consacré aux consultations sur rendez-vous : suivi médical d’un bébé de 6 mois, d’une personne diabétique, puis d’une personne en dépression. Vers 18 heures l’IPS peut fermer son bureau. C’est à ce moment qu’un patient arrive. Le professionnel a dû apprendre à dire non, sinon il n’arrêterait jamais de travailler. Comme il n’y a pas d’urgence, il l’invite à prendre rendez-vous pour le lendemain.

Sur les bancs d’école…
Martin a fait un DEC en soins infirmiers à Sept-Îles puis a obtenu un baccalauréat en sciences infirmières à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il a poursuivi avec une maitrise en science infirmière et un Diplôme d’études supérieures spécialisées à l’Université Laval. Il a obtenu son examen de certification en 2009.

Pour devenir infirmier praticien spécialisé, il faut d’abord devenir infirmier « ordinaire » et travailler comme tel pendant au moins deux ans. Puis on retourne sur les bancs d’école pour acquérir une spécialisation.

Il y a deux façons de devenir infirmier au Québec. Soit on fait une technique collégiale de trois ans en soins infirmiers (on devient alors infirmier en soins généraux), soit on fait un DEC en sciences de la nature (2 ans), suivi d’un baccalauréat universitaire de trois ans en sciences infirmières (pour être infirmier clinicien en soins complexes ou conseiller en soins infirmiers).

Après les deux années de pratique, le retour à l’université permet d’obtenir le diplôme d’études supérieures spécialisées. Sa durée varie selon la spécialité choisie et l’université.

Finalement, il faut passer un examen pour obtenir le certificat de spécialiste délivré par l’OIIQ (Ordre des Infirmières et infirmiers du Québec). Cet examen de certification, élaboré conjointement par l’OIIQ  et le CMQ (Collège des Médecins du Québec), se divise en une partie écrite, une entrevue ainsi que des mises en situation où le candidat rencontre des acteurs qui simulent des malades.

Et après ?
L’IPS peut exercer en milieu hospitalier, en clinique, dans un Centre de santé et de services sociaux (CSSS). Il peut se spécialiser en néonatalogie, en néphrologie, en cardiologie ou encore en soins de premières lignes.

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