Rester à tout prix

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Lorsqu’un quartier risque d’être inondé, la solution la plus logique est de construire de nouvelles maisons dans des zones plus sûres et d’y relocaliser les habitants. Mais à Dakar, la capitale du Sénégal, les choses ne sont pas si simples.

La région du Sahel a connu une longue période sans précipitations dans les années 1970, 1980 et 1990. «Quand il y a sécheresse, les populations rurales migrent vers les villes», explique Oumar Cissé, secrétaire exécutif de l’Institut africain de gestion urbaine. Ainsi, à Dakar, des familles sont venues s’installer dans des zones considérées comme «humides» mais qui étaient depuis longtemps asséchées. «Le problème, c’est que les pluies reviennent depuis une dizaine d’années, dit Oumar Cissé. Alors bonjour les dégâts!»

Dans la capitale et ses banlieues souvent surpeuplées, les inondations touchent fréquemment des dizaines de milliers de maisons. «Si les pluies s’installent définitivement, nous risquons de voir la moitié de la banlieue aux prises avec ce genre de problème», explique le chercheur.

En 2012, l’État sénégalais a mis sur pied un programme d’aide de 1,5 milliard de dollars, qui comprenait la construction d’infrastructures de drainage et le réaménagement de nouveaux quartiers. Cependant, les chercheurs ont constaté avec étonnement que les familles des quartiers inondés choisissaient souvent de rester sur place, plutôt que de déménager. Pourquoi? Oumar Cissé explique que les résidants des quartiers vulnérables gagnent généralement leur vie dans le secteur de l’économie informelle, par exemple comme vendeurs au marché local. Une relocalisation pourrait leur faire perdre leur gagne-pain. Et il ajoute qu’un tiers des résidants de Yeumbeul Nord, en banlieue de Dakar, sont venus s’installer dans cette commune après que la région a été touchée par de sérieuses inondations. Plutôt que de partir, les gens s’adaptent aux aléas du climat. Plusieurs rasent leur maison, surélèvent leur terrain et rebâtissent. «La moitié de ceux qui ont construit leur maison après les inondations ont d’ailleurs été épargnés», observe Oumar Cissé, au sujet de la commune de Yeumbeul Nord.

Mais cela ne règle pas tout. Lors des inondations, les routes de sable deviennent impraticables et les fosses septiques débordent. Au lieu de déplacer les populations, l’équipe de l’Institut africain de gestion urbaine a donc misé sur la construction de canaux de drainage, de bassins de rétention, de stations de pompage ainsi que de fosses septiques en PVC, plus étanches.

Oumar Cissé croit que les villes du Sénégal ont tout intérêt à régler rapidement leurs problèmes d’infrastructures, puisque les pluies pourraient s’intensifier dans les années à venir. «Nous avons des pluies normales, de 200 mm par année. Mais quand on en sera à 900 mm, qu’est-ce qui arrivera?»

 

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