Les dessous de la toile

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On y navigue incognito. Internet permet de laisser libre cours à son imagination, à l’abri de tout jugement. Mais, alors que les utilisateurs tapent sans rougir des mots clés coquins dans leur moteur de recherche, leurs requêtes n’en sont pas moins «publiques». Ce qui permet de faire d’Internet «la plus vaste expérience au monde sur le comportement humain», selon les neurobiologistes états-uniens Sai Gaddam et Ogi Ogas. Informaticiens chevronnés, ils ont analysé, entre 2009 et 2010, environ 1 milliard de mots clés à connotation sexuelle, 1 million de sites porno, plus de 1 million de vidéos X, des dizaines de milliers de romans érotiques et 5 millions de petites annonces pour découvrir les désirs secrets de 100 millions d’internautes provenant des États-Unis, mais aussi du Canada, d’Inde, du Nigeria et du Royaume-Uni. Le résultat, un livre de 400 pages, intitulé A Billion Wicked Thoughts, dont les révélations sont parfois… inattendues.

On y apprend, par exemple, que les hommes hétérosexuels sont friands de shemales, qu’ils sont fascinés par les images de gros pénis et qu’ils fantasment sur leurs femmes ayant des rapports avec d’autres hommes. Les femmes, elles, préfèrent les histoires aux images (68 millions de Nord-Américaines achètent chaque année des romans érotiques en ligne) et elles aiment les histoires d’amour mettant deux hommes en scène, comme Le secret de Brokeback Mountain.

Sans surprise, l’immense majorité des recherches sont faites par des hommes et l’un des plus grands centres d’intérêt est la domination associée à la soumission. Le mot «jeunesse» est le plus recherché par les hommes, suivi par «gay», mais les femmes plus âgées ne sont pas en reste. La porno impliquant des femmes de 50 ou 60 ans et les mots clés «mom» ou «granny porn» sont extrêmement populaires. Au total, 35 intérêts sexuels différents (dont: jeunes, Noirs, sexe en groupe ou fellation) constituent 90% de toutes les recherches.

Dans leur ouvrage, les chercheurs tentent d’expliquer ces préférences par des théories évolutionnistes. Un exemple? Les hommes aiment les talons aiguilles, car ils donnent l’illusion de petits pieds et de longues jambes, de fesses plus rebondies, autant de signes de féminité et de fécondité! Quant à la fascination des hommes pour les pénis et les shemales, tout viendrait de la «compétition spermatique», bien connue des biologistes évolutionnistes, qui traduit la compétition entre les éjaculats de différents mâles pour la fertilisation des ovocytes. En voyant leurs femmes se faire prendre par d’autres, ou indirectement en visualisant d’autres pénis, le désir des hommes serait augmenté, car ils se sentiraient menacés par le fait que d’autres puissent féconder leur femme. Tout s’explique!

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